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Incontinence anale d'origine
sphinctérienne
Deux mécanismes principaux peuvent
être retenus : soit un défect
sphinctérien par rupture anatomique,
confirmé par l'échographie endo-anale,
soit un déficit sphinctérien d'origine
neurologique avec un sphincter
anatomiquement normal en échographie
endo-anale.
De janvier 1990 à décembre 1997, nous
avons opéré 145 patients d'une
incontinence anale d'origine
sphinctérienne : 86
sphinctérorraphies, 26 sphincter anal
artificiel, 10 électrostimulation
sacré et 23 postanal repair (Postanal
repair ou myorraphie rétro-anale) des
releveurs de l'anus
Cette intervention proposée par Parks
a pour objectif de reconstituer la
musculature périnéale, l'angulation du
cap anal et la longueur du canal anal
en réalisant une myorraphie
rétro-anale des élévateurs de l'anus
et principalement du muscle
pubo-rectal. Les résultats de cette
intervention initialement bons
s'avèrent en fait décevants : les
résultais sont bons dans 50% des cas
au recul de deux ans pour se dégrader
ensuite et seul 25% des patients
restent continents à un recul de cinq
à huit ans. Il ne semble pas que les
autres myorraphies, et en particulier
le total pelvic floor repair donnent
des résultats supérieurs.
Sphinctérorraphie
L'évaluation des résultats de 86
patients opérés par sphinctérorraphie
montre que 80% d'entre eux ont un bon
résultat précoce évalué au 3° mois
postopératoire et que ces résultats se
dégradent progressivement avec le
temps puisque un malade sur deux
conserve un bon résultat au 40° mois
post-opératoire ; l'auto-évaluation
confirme ces données: 46% des patients
s'estiment guéris ou très améliorés au
40° mois post-opératoire ; de manière
très paradoxale, 19% des patients
s'estiment peu améliorés alors qu'ils
ont récupéré une continence
objectivement évaluée normale et 41%
des patients incontinents au gaz ne
s'estiment que peu améliorés ou pas du
tout améliorés par l'intervention
alors qu'ils ont récupéré une
continence normale pour les matières
solides et les matières liquides.
Outre, l'existence d'une neuropathie,
facteur pronostique connue dans la
littérature, cette étude a montré
qu'une rupture du sphincter interne et
une hypotonie du canal anal en
manométrie ano-rectale sont des
facteurs corrélés à un mauvais
pronostic fonctionnel
post-opératoire.
Graciloplastie dynamisée
La gracilopiastie dynamisée ou
électro-stimulée associe une
transposition du muscle gracilis selon
la technique de Pickrell à
l'électro-stimulation du muscle
transposé par implantation d'électrode
reliée à un stimulateur implanté dans
la paroi abdominale. Les premiers
résultats publiés indiquent que la
continence est bonne dans 73% des cas
; elle n'est pas exempte de
complication : au recul de 2,7 ans,
sur 67 patients opérés, 36 d'entre eux
ont développé 53 complications ayant
imposé 8 explantations.
Sphincter anal
artificiel
Le sphincter anal artificiel associe
l'implantation d'une manchette en
position péri-anale reliée à une pompe
placée dans la grande lèvre ou le
scrotum et à un ballon régulateur de
pressions dans l'espace
sous-péritonéal latéro-vésical ;
l'ouverture du sphincter est commandée
par le patient et l'occlusion est
automatiquement obtenue en quelques
minutes. De février 1993 à mai 1999,
nous avons opéré 28 patients, les 20
derniers ayant bénéficié de
l'implantation d'un sphincter ABS
disponible depuis septembre 1996. Le
sphincter a du être explanté chez 3
patients pour absence de cicatrisation
périnéale ou érosion du canal anal ou
du vagin ; la révision a été
nécessaire chez deux autres, la pompe
ayant été changée devant une érosion
scrotale ou vulvaire survenue dans la
2° année post-opératoire ; 2 patients
sont en attente de révision après
explantation de la manchette. Les
résultats fonctionnels appréciés chez
17 patients montrent une continence
anale normale pour les solides 17
fois, une continence normale pour les
liquides 15 fois et une continence
normale pour les gaz 12 fois. La
pression de repos du canal anal
mesurée en manométrie ano-rectale est
de 100 cm d'eau à sphincter fermé et
28 cm d'eau à sphincter ouvert,
témoignant d'un bon gradient
d'ouverture du sphincter artificiel
d'environ 70 cm d'eau. L'évaluation de
la qualité de vie obtenue chez 10
patients à partir d'un questionnaire
de qualité de vie confirme que 9
d'entre eux estiment avoir un bon
résultat de cette intervention sur le
bien-être physique, sur la vie
sociale, sur leur profil psychologique
et émotionnel. Les principales
contre-indications de cette technique
sont la destruction du périnée,
l'absence de cloison recto-vaginale,
l'absence de réservoir rectal et
l'existence de lésions radiques
périnéales ou intestinales.
Stimulation électrique du nerf
sacré
Cette technique récente réalise dans
un premier temps l'implantation d'une
électrode test de stimulation
maintenue en place pendant une semaine
permettant d'évaluer l'impact de la
stimulation électrique sur la
continence anale ; si cette efficacité
est bonne, il est alors réalisé dans
un deuxième temps une
électro-stimulation définitive,
l'électrode implantée étant reliée à
un neuro-stimulateur placé dans la
paroi abdominale antérieure ou la
région fessière. Seuls des résultats
préliminaires sont actuellement
disponibles : dans notre expérience 10
patients ont eu un test et 4 d'entre
eux ont bénéficié de l'implantation
définitive d'un neuro-stimulateur avec
un bon résultat.
Colostomie
Losque ces différentes techniques ne
sont pas possibles ou se sont
traduites par des échecs, une
colostomie iliaque gauche terminalisée
éventuellement complétée d'une
irrigation colique, peut être une
bonne solution, une stomie bien
appareillée étant en effet plus
confortable qu'un anus périnéal
incontinent.
Les indications
chirurgicales
Dans l'incontinence anale d'origine
sphinctérienne peuvent être résumées
de la façon suivante: la
sphinctérorraphie est l'intervention
de choix devant une rupture
sphinctérienne réparable c'est-à-dire
inférieure à 50% de la circonférence.
Dans le cas contraire, les techniques
chirurgicales récentes prennent place
: électro-stimulation sacrée,
sphincter anal artificiel ou
graciloplastie dynamisée, indiquées
devant une destruction traumatique non
réparable du sphincter externe,
certaines malformations congénitales
(spina bifida ou imperforation anale),
les causes neurologiques
d'incontinence (myasthénie, neurinome
de la queue de cheval,
neuropathie).
En conclusion :
L'objectif du chirurgien ne doit pas
être la correction d'une anomalie
anatomique ou d'une image radiologique
mais doit être la correction des
plaintes du patient lui permettant de
récupérer une qualité de vie
perdue.
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